Le renouvellement des générations est une priorité constante pour les structures qui œuvrent en faveur de l’agriculture paysanne, comme EHLG.
Si la dynamique actuelle, avec environ 90 installations par an au Pays Basque soit 1 à 2 installations pour 3 départs, peut sembler encourageante, elle masque une réalité plus préoccupante. Plus de 50 % des paysan.nes de plus de 50 ans n’ont aucune perspective claire de transmission de leur ferme.
L’agriculture paysanne au Pays Basque avec ses AOP et ses produits de qualité rend notre métier attractif et incite nos enfants à reprendre nos fermes.
- « S’installer paysan.nes en Pays Basque : des réalités différentes »
L’agriculture est (ou a été) une activité importante en Pays Basque. Importante au niveau économique, culturel, mais aussi en termes d’occupation de l’espace et donc de paysages, biodiversité ou qualité de l’eau…
Au niveau européen, le Pays Basque Nord est l’un des territoires avec le plus fort taux d’installation de paysan.nes. La situation est différente en Pays Basque Sud : l’industrialisation des vallées, avec une offre d’emplois salariés importante, y a entraîné une forte diminution du nombre de paysan.nes. L’histoire diffère également en ce qui concerne les moyens de décisions territoriaux. Si l’essentiel des politiques agricoles publiques se décide au niveau européen, les administrations locales (Communauté autonome basque et gouvernement de Navarre) du Pays Basque Sud ont des pouvoirs de décision et financiers qui n’ont pas d’équivalent en Pays Basque Nord.
S’installer paysan.ne en Pays Basque peut donc se faire dans des contextes variés, avec des outils différents. Le partage des méthodes mises en œuvre, des expériences vécues doit aider à renforcer le renouveau des générations paysan.nes en Pays Basque.

- « La terre, outil de travail des paysan.nes »
Le Pays Basque a toujours eu une forte tradition agricole, des deux côtés de la Bidasoa.
La terre, pilier de toute activité paysanne, occupe une place essentielle dans la culture basque. Qu’elle soit exploitée en métayage, fermage ou en propriété privée ou collective, la terre a traversé les générations en gardant son rôle nourricier. Elle est intimement liée à la maison et à la famille qui la cultive, portant souvent le nom de la ferme.
Aujourd’hui, la terre subit les pressions d’un monde de plus en plus déconnecté de ses racines agricoles : flambée du foncier, artificialisation des sols, détournement de sa vocation nourricière au profit de l’énergie (photovoltaïque, méthanisation).
Le Pays Basque Sud a particulièrement souffert de ce contexte, avec une forte disparition de petites fermes au profit de grandes exploitations. La spéculation immobilière freine aussi l’accès à la terre pour les paysans, souvent au bénéfice d’extensions d’exploitations existantes.
Des outils existent pour enrayer cette tendance. Au Nord, Lurzaindia et la Safer œuvrent pour préserver le foncier paysan. Au Sud, des initiatives comme Amillubi cherchent à faire de la terre un bien collectif. Le développement de logements légers facilite aussi l’installation sur de petites fermes.
Après avoir été malmenée par des pratiques agricoles destructrices, la terre retrouve aujourd’hui tout son sens grâce à l’agroécologie. Elle reste et restera la base de la paysannerie.
- « Comment apprend-t-on a devenir paysan ? »
La formation pour devenir paysan se fait bien souvent dans un cadre familial, au contact des aînés et par la transmission de savoir-faire de génération en génération.
De plus en plus de porteurs et porteuses de projets, issus d’autres horizons que le monde agricole, souhaitent aujourd’hui s’installer en Euskal Herria. Ils représentent désormais près de 20 % des nouvelles installations.
La réussite de leur projet dépend aussi de l’intégration au territoire que nous leur offrons. Les accompagner est un enjeu fondamental : dans l’accès au foncier, à une ferme, mais aussi dans leur formation, à travers des dispositifs comme TREBATU et leur intégration dans les dynamiques territoriales.
C’est aussi à la communauté paysanne de leur offrir un accueil solide, ancré dans des valeurs de solidarité, de transmission et de lien au territoire.
- «Le défi de la reconquête alimentaire au Pays Basque »
Depuis sa création, EHLG s’engage au quotidien pour le développement d’une agriculture paysanne durable et la relocalisation des productions alimentaires, à travers notamment les filières Herriko (Ogia, Haragia, etc.). La crise sanitaire de 2020 a souligné, avec force, l’importance d’une alimentation locale, résiliente, et l’efficacité des circuits courts pour répondre aux besoins essentiels des habitants en période de crise.
Aujourd’hui, le Pays Basque reste déséquilibré : trop centré sur l’élevage, il manque de productions végétales. Sans remettre en cause la vocation historique d’élevage du territoire, il devient indispensable de diversifier les productions pour construire une agriculture plus complémentaire, autonome et résiliente.
Répondre aux besoins alimentaires du territoire exige une vision agricole cohérente, structurée et durable. Cela suppose un engagement politique fort pour accompagner les initiatives en faveur du développement des cultures végétales, indispensables à l’équilibre du système alimentaire local et à la souveraineté du Pays Basque.
- « Les AOPs une garantie du maintien des paysans au Pays Basque »
Les AOPs sont un signe officiel public de qualité, reconnues au niveau Européen et dans les négociations internationales. Elles se différencient des politiques de marque qui sont celles de la loi du plus fort.
Elles permettent aux plus faibles économiquement d’accéder collectivement à une certaine notoriété et à une protection juridique très importante. Elles fixent les productions sur un terroir et sont par essence non-delocalissables. Elles sont garanties par un cahier des charges qui sont des règles communes à tous les acteurs de la filière, chacun dans leur domaine d’intervention, pour y avoir droit. Dans des territoires difficiles, il s’agit plus d’un cahier des chances que d’un cahier des charges.
A l’heure de l’évolution des conditions climatiques, comment faire évoluer les cahiers des charges pour s’assurer de leur pérennité ?
- « Le Bien-Etre paysan »
Avec 50 % des paysans qui vont partir à la retraite dans les 5 ans à venir, le renouvellement des générations est un défi majeur. Cette problématique dépasse le cadre du monde agricole car l’agriculture a un impact plus large que la production de denrées alimentaires.
Des paysan.ne.s nombreux.ses, c’est l’assurance d’un territoire dynamique au niveau économique et social : en Navarre, l’initiative Errigora en est l’illustration.
La culture s’est aussi imprégnée de l’importance de la paysannerie dans la société, avec par exemple en Soule les mascarades qui incluent les personnages de Laboraria et Laborarisa.
Pour installer davantage de paysan.ne.s, il est nécessaire de rendre le métier plus attractif. Les conditions de travail, souvent considérées comme difficiles (des journées très longues, sans week-end, ni vacances), peuvent freiner des vocations.
Il est intéressant d’aborder les solutions mises en place par plusieurs paysan.ne.s afin de se libérer du temps, ces solutions pouvant être techniques et/ou organisationnelles (entraide, service de remplacement, embauche collective d’un salarié etc.).
